lundi 13 juin 2011

Jupiter brandit le foudre sur un denier de Septime Sévère (Rome, 208)

La seizième puissance tribunicienne inscrite au revers de ce denier le date de l'année 208 au moment du lancement de la campagne britannique. Les raisons de cette nouvelle guerre sont assez floues, certains auteurs comme Hérodien parlant de troubles: "Pendant que Sévère voyait avec indignation la conduite de ses fils et leurs goûts pour de frivoles plaisirs, il reçut une dépêche du gouvernement de la Bretagne, qui lui annonçait que les Barbares s'étaient soulevés, et que dans leurs incursions ils pillaient et dévastaient tout le pays. Le gouverneur demandait un secours de troupes ou même la présence de l'empereur." Cependant, Dion Cassius ne mentionne pas ces troubles du fait des Méates et des Calédoniens, deux peuples bretons vivant au-delà du mur d'Hadrien. Pour l'historien A. R. Birley la mention de cettre lettre n'est qu'un effet réthorique d'Hérodien. Toujours est-il qu'en 208, Septime Sévère et ses deux fils quittent Rome pour la province septentrionale de Bretagne.


n° S22

Dénomination: Denier

Empereur: Septime Sévère

Avers: SEVERVS - PIVS AVG - Tête laurée à droite.

Revers: P M TR P - X-VI COS III P P - Jupiter nu, marchant à gauche et regardant en arrière, tenant un foudre de la main droite et un sceptre de la gauche.

Atelier (année de frappe): Rome (208)

Références: RSC 501 (25£) - RIC 216 (C) - BMC 559 - Hill 988 (C) - BnF 6471-2

Caractéristiques: Argent, 19mm, 2.7g, 1h.

Commentaire:

Jupiter, dieu des dieux, brandit son foudre à la manière d'un javelot. Il est ici propugnator, c'est-à-dire le protecteur, le défenseur voire le champion et cette attitude indique clairement le début de la guerre contre les tribus bretonnes. Son sceptre est symbole de majesté, un attribut de nombreuses divinités. Il sera protecteur des empereurs pendant les combats et leur apportera la victoire.


Statue de Jupiter (Musée Pio Clementino, Vatican)

Cette monnaie fait suite à un très rare denier émis l'année précédente où Jupiter dans la même attitude est qualifié de vainqueur IOVI VIC (Iovi Victori). Cette monnaie très intéressante quant à son iconographie nous montre le premier des dieux sur un char, à la manière de l'empereur, mais combattant des géants anguipèdes, c'est-à-dire dont le corps se termine en queue de serpent. Un spectaculaire médaillon d'argent conservé à la Bibliothèque nationale de France et daté aussi de 207 reprend ce thème sur une surface plus grande. Cette gigantomachie n'apparait plus sur les émissions de 208 où Jupiter est désormais seul menaçant les ennemis de Rome de son foudre.


Denier de Septime Sévère représentant une Gigantomachie (Lanz, Auktion 112)




Médaillon de la BnF reproduit dans la deuxième édition du catalogue de H. Cohen.

Ces représentations de dieux combattant des monstres anguipèdes ont été abondamment illustrés en particulier par des sculpteurs gallo-romains. Ces groupes sculpturaux étaient placés sur des colonnes et les savants ont rapproché cette divinité à cheval du panthéon gaulois et ce monstre reptilien à Jupiter combattant les Géants.


Cavalier à l'anguipède de la colonne de Merten (Musées de la Cour d'or, Metz)

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